A NEW FILM IS COMING ON YOUR SCREEN… A NEW PREACHER IS COMING AT YOUR DOOR… “THE MISSIONARY!” (Crafted Films, 2018)

•January 12, 2018 • Leave a Comment

Synopsis : One man preaches from door to door to harpoon followers for a new religion blending all beliefs and gods of the world in the name of human unity. But what if the achievement of this conversion were to flirt with the ultimate horror? Being an artwork. But not any artwork… One day, this priest of hell stands on the doorstep of a gardener living together with his very peculiar brother…

After…

PROMO - NIGHT OF THE HUNTER

After…

PROMO - 220px-Elmer_Gantry_poster

After…

PROMO - preacherman

After…

PROMO - pale_rider_photo_1

After…

PROMO - THE APOSTLE Robert Duvall

After…

PROMO - Poltergeist_II_still_12 - Copie

Here comes…

PROMO - THE MISSIONARY - Daphnis poster version 2 - Copyright

COMING SOON ON THE SCREENS…     COMING SOON AT YOUR DOOR!

THE ROSE, HER PERFUME, A BALD MAN PONYTAILS, AND A FEW THORNS FOR DESSERT

•May 12, 2018 • Leave a Comment

universe cosmos - Copie

A dysfunctional university… most students are failing… teachers are losing track of how being a good professor… there seems to be no hope left.

But one day, a new secretery appears. Discreet, humble but fascinating, she will change the panorama. When a terrorist organization plans to kidnap some teachers, she is the one to boycott its dark schemes, even though, for every situation solved, she would always give full credit to other people or to chance.

She happens to have more knowledge than anyone (to the point of helping a couple of professors, who were suffering of the writer’s block, to complete their PHd thesis). She is a combination of mother Theresa and wonder woman. In addition to her amazing fighting skills and to her talent as a strategist, she is also gifted when dealing with computers, weapons and other machines.

Her name is “simply Rose”

 

DIMENSION NEW YORK 1 : RETROBABYLON (éditions RIVIERE BLANCHE) – parution août 2015 (avec une nouvelle inédite de Daphnis Olivier Boelens)

•August 5, 2015 • Leave a Comment

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Un recueil de nouvelles entièrement consacré à la ville de New York. Une déclaration d’amour à Big Apple, un regard pluriel sur ses cîmes et ses sous-bassements, un voyage humain à travers ses vastes artères et ses venelles où se côtoient autant de visages que de mirages, la caméra oculaire plantée tantôt derrière ses immenses baies vitrées, tantôt au pied de ses tours géantes, les jambes emportées dans le tourbillon de son activité frénétique et de ses nuits enluminées par ses publicités électriques… New York, une ville qui ne dort jamais, et qui recèle tant de mystères.

J’ai la chance d’avoir un de mes textes publié dans ce recueil, le premier texte, qui ouvre le bal en page 7, intitulé ENTRAILLES. C’est l’histoire d’une plongée dans un New York méconnu, celui des tunnels, où vivent les exclus, les oubliés, les parias… tous ces hommes et toutes ces femmes dont la société ne veut plus ou à qui elle veut du mal. Mais c’est aussi l’histoire d’une quête de lumière au sein des ténèbres, d’une soif de renaissance au pays du silence. Un retour aux sources, un retour à soi, à cet individu qui se perd dans le gigantisme de la ville de Martin Scorcese, de Moby et d’Al Capone. L’issue pourrait être fatale… à moins qu’elle ne soit, bien au contraire, magique !

Merci, Philippe Ward, pour nous avoir fait le cadeau de cette anthologie… dont est publié ici le premier volume. Les autres volumes suivront…

Daphnis Olivier Boelens, 5 août 2015

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DAPH NOBODY à la 13ème Foire du Livre du Breuil – 14 octobre 2012 – conférence de Daph Nobody

•October 20, 2012 • Leave a Comment

Autre journée de dédicaces, avec à 16h un débat sur le « fantastique » auquel j’ai eu la chance de participer, animé par Franck Boulègue, Directeur de la Bibliothèque du Breuil.

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13ème FOIRE DU LIVRE à LE BREUIL

DAPH NOBODY – CONFÉRENCE numéro 3

dimanche 14 octobre 2012 –

DÉBAT n°4 (sous chapiteau), de 16h à 17h :

« LE FANTASTIQUE », avec DAPH NOBODY

Débat animé par FRANCK BOULÈGUE

(Directeur de la Bibliothèque du Breuil)

extraits du débat

Franck Boulègue : Quels sont les auteurs qui vous ont marqué ? Dans quelle lignée, quelle tradition vous inscrivez-vous ?

Daph Nobody : Tout d’abord, Stephen King. En dehors de quelques-unes de ses œuvres qui relèvent du fantastique pur, ses romans utilisent comme prétexte la donnée fantastique pour dresser un portrait de la société américaine, et c’est, je trouve, en cela qu’il est supérieur à bien d’autres écrivains du même domaine, qui se contentent du fantastique, sans prendre la peine de l’ancrer dans la réalité contemporaine, et qui se laissent parfois aller à de la complaisance. J’ai aussi beaucoup lu Koontz, mais à une certaine période il avait trop tendance à raconter des histoires de petites créatures venues des enfers, ça a fini par me laisser sur ma faim… Je ne me sens concerné que si l’être humain reste au centre de l’histoire. Ce qui m’intéresse, c’est l’être humain et la société, pas les petites créatures venues d’ailleurs et qui ont un appétit d’ogre. Une fois ou deux c’est amusant, mais au bout d’un moment ça lasse parce que ça n’apporte rien sur le plan psychologique ou sociétal. Chez King, il y a toujours une analyse de la société et de la psychologue humaine. Il dit d’ailleurs lui-même ne pas se considérer comme un auteur d’épouvante, et en ce sens il a raison, c’est davantage un sociologue. Je m’inscris moi-même dans cette lignée de sociologie. J’étudie la société, ce qui foire dans ses mécanisme, et je transpose cela dans des sociétés futures qui restent cependant très proches de la nôtre… Sinon, pour revenir à votre question, j’ai beaucoup lu et aimé Peter Straub, Clive Barker, Franz Kafka… Mais aussi Lovecraft, Poe, Shelley, Stoker, Wells. (…) Cela reste toutefois, en francophonie, une littérature difficile à imposer. La plupart des livres qui paraissent dans ce domaine émanent des pays anglo-saxons. Il n’y a pas de tradition fantastique en France. En Belgique, il y en a eu une, avec Jean Ray, Thomas Owen… mais elle s’est éteinte… En vérité, non, elle ne s’est pas éteinte. Je connais quelques artistes autour de moi, qui œuvrent dans ce domaine. Mais ils n’ont pas la chance d’être publiés, financés, et ils travaillent dès lors dans l’ombre, sans aucune visibilité, ce qui est bien triste. Au niveau des instances culturelles, qui possèdent tous les deniers publics de la culture, on considère que cette littérature est de la sous-littérature, et donc on ne la promeut pas, pire on la censure gentiment. Alors que le fantastique est un genre très populaire dans certains pays, et ce n’est pas une question de niveau intellectuel. Écrire du fantastique ne signifie pas, comme je l’ai expliqué il y a un instant, écrire des choses improbables et absurdes, mais bien décrire le monde d’une autre manière, plus métaphorique.

Franck Boulègue : Comment vous définissez-vous en tant que Belge dans la littérature fantastique d’aujourd’hui ? Y a-t-il une identité spécifique belge ?

Daph Nobody : En Belgique, nous avons plusieurs communautés. La Flandre est celle dont la culture est la plus forte, elle compte dans ses rangs des poètes et écrivains de renommée mondiale, ce qui n’est pas spécialement le cas des autres communautés, excepté peut-être pour l’écrivain Georges Simenon qu’à son époque André Gide considérait comme « le plus vraiment romancier que nous ayons dans la littérature d’aujourd’hui ». Il y a la Wallonie, avec son propre dialecte ancestral, et aussi une communauté germanophone, plus petite et dont on n’entend jamais parler. Et puis, il y a Bruxelles, qui est un cas à part, une culture à elle toute seule. Quand on naît à Bruxelles, on naît sans véritable assise culturelle. On est un mélange de tout. À l’école, en territoire francophone belge – Bruxelles et la Wallonie confondus –, on nous enseigne les écrivains de France, et le cours consacré aux auteurs flamands – entendez par là belges – est un cours à option, c’est pour dire. On se sent à la fois libre et très seul au moment de se lancer dans l’art. Alors, on doit construire à partir de rien. On est comme des pionniers. Et comme tous les premiers représentants d’une discipline, on est amenés à tout inventer, ce qui explique que les œuvres issues de la francophonie belge sont toujours décalées, novatrices, impossibles à comparer avec quoi que ce soit qui ait précédé ou qui soit concomitant. Quand C’est arrivé près de chez vous est sorti dans les salles, on s’est tous dit : voilà l’image la plus éloquente de la culture belge francophone, même si c’était une image extrême. Partir de rien, c’est parfois dur, mais c’est aussi exaltant. On doit tout imaginer, avec une cascade de références venues de toutes les cultures possibles et imaginables. Ce grand mélange produit un cocktail très particulier. Je pense notamment à Thierry Zeno, Fabrice du Welz…

Franck Boulègue : Comment définiriez-vous le fantastique, le conte, le merveilleux… ?

Daph Nobody : En fait, c’est comme de regarder un paysage à travers des lunettes aux lentilles colorées. Si je me mets à contempler par la fenêtre le paysage à travers des lunettes rouges, je ne verrai plus le paysage tel qu’il est. Pourtant, le paysage n’aura pas changé, c’est seulement moi qui le verrai autrement parce que je porte des lunettes rouges. Le fantastique, c’est ça, c’est regarder le paysage avec des lunettes rouges. C’est regarder la réalité à travers un filtre… qui rend les choses plus magiques ou plus folles qu’elles ne le sont en réalité. Mais à mon sens, on ne regarde et on ne voit rien d’autre ou de plus que la réalité. Seulement, elle nous apparaît alors déformée, ou altérée. Le conte, c’est une façon imaginaire de développer des problèmes sociétaux mais de manière imagée, métaphorique, et ce avec une forte leçon de morale ou de vie à la clef. Là aussi, ça reste un regard sur la réalité. Toutes les déclinaisons du fantastique le sont.

Franck Boulègue : Comment décririez-vous vos romans ?

Daph Nobody : Comme des œuvres d’anticipation. C’est dans cette optique-là que je travaille. Ce que j’écris n’est pas improbable, et ça pourrait se produire dans un avenir bien plus proche qu’on ne le pense. Comme beaucoup de choses que Jules Verne avait écrites ont fini par se réaliser. Dans Blood Bar, je décris une société qui tourne autour du commerce du sang, qui peut être comparé au commerce d’alcool du temps de la prohibition aux États-Unis. C’est le même principe : abus, violence, corruption, crimes, complots, mafia, terreur… Ce commerce de sang s’installe lors d’une grande sécheresse qui s’abat sur les États-Unis. Le seul liquide encore disponible est le sang. Tant que le dernier humain n’aura pas disparu de la surface terrestre, il y aura du sang disponible. Ce sang n’est ni filtré ni recyclé, mais bu tel quel, et n’est pas conservé à l’aide d’anticoagulant, ce qui est improbable : ça c’est l’aspect fantastique du livre. Mais le reste est tout à fait concevable, et ne fait que souligner une fois de plus que l’homme est le plus grand prédateur de l’homme… Je n’aime pas les romans qui mettent en scène des créatures loufoques, des choses qui sont de l’ordre de l’imagination pure, sans lien avec notre existence humaine. Quand l’humain perd sa première place dans une histoire, je perds mes repères. Comme dans l’art je suis attiré par le figuratif, l’abstrait me laissant complètement indifférent. J’aime les récits imaginaires mais « concevables dans un avenir scientifiquement plus évolué que le nôtre ».

Franck Boulègue : Dans votre roman Blood Bar, d’ailleurs, la science joue un rôle important. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

Daph Nobody : Œuvrant dans l’anticipation, je m’intéresse énormément aux avancées scientifiques dans certains domaines, notamment dans la génétique. Dans Blood Bar, j’ai imaginé une petite fille qui avait été conçue génétiquement par le gouvernement pour ne pouvoir se nourrir que de sang. Cela paraît un peu fou de prime abord. Mais quand on lit les théorie transhumanistes, on se rend compte qu’un jour on arrivera à cela, au façonnement d’un être selon des critères bien plus nombreux que ceux que l’on peut imaginer à l’heure actuelle. Il ne s’agira plus seulement, lors de la conception d’un enfant, de choisir sa couleur de cheveux ou d’yeux. Mais on pourra décider de faire naître un individu avec un deuxième cœur, un troisième œil, ou encore quatre jambes, voire avec l’ADN de John Lennon. On clonera les stars pour qu’elles ne meurent jamais. Il n’y aura plus aucune limite. Pour l’instant, c’est de la science-fiction, mais un jour ce sera une donnée du quotidien. Il fut un temps où, de manière austère, on considérait l’aryen comme l’avenir de l’humanité. Mais en réalité, l’avenir sera une population où la différence sera célébrée comme une divinité. Autant aujourd’hui on traverse une des pires ères de l’humanité, une ère de conformisme, autant il arrivera un moment où la tendance va complètement s’inverser, et où l’objectif de tout un chacun sera de se différencier à tout prix de l’autre, quitte à aller dans les extrêmes physiques. Et comme je le disais, ça ne se limitera pas à des piercings ou des tatouages. Regardez en ce moment cette nouvelle mode qui se répand au Japon, celle du « bagel » sur le front, des « hommes-beignets » comme on les appelle. On en rit en les voyant, mais ce sont là les prémisses du transhumanisme pur. Si ces mutations sont pour l’instant temporaires et se font par injections salines, un jour il ne sera plus question d’eau salée, et ces modifications du profil humain seront permanentes.

(…) La science est présente dans mes livres, mais je n’insiste pas sur cet aspect-là des choses. Dans Blood Bar, la partie scientifique à proprement parler est le moment de la naissance de l’enfant. Après, on s’intéresse surtout à l’être humain… aux êtres humains, qui entourent cette enfant. On s’intéresse à la société dans laquelle l’enfant est implantée. Je ne suis pas scientifique de formation, donc je ne m’aventure pas trop dans un domaine que je ne maîtrise pas. Mais je me sers nécessairement de ce domaine, auquel les genres du fantastique et de la S-F sont intimement liés. Je parle de mutations génétiques, naturelles ou induites. La génétique, comme je l’évoquais en parlant du transhumanisme il y a un instant, est sans doute le point de la science qui me passionne le plus, et qui prendra le plus d’importance dans les années à venir…

Franck Boulègue : La littérature fantastique, comme la science, installe son propre langage, créant notamment des néologismes. Faites-vous usage de néologismes dans vos livres ?

Daph Nobody : J’utilise assez peu de néologismes. Parfois, la situation le requiert, mais il faut que ce soit justifié. Je tiens à rester à l’échelle humaine, à rester compréhensible pour tout lecteur, quels que soient son cursus et sa culture. J’aime jouer avec le langage, mais pas gratuitement. Il y a assez de vocabulaire pour décrire les choses. Je crois que les néologismes, au-delà du sens que véhiculent ces mots que l’on invente, servent davantage à créer une atmosphère, un univers différent du nôtre. On utilisera plus facilement des néologismes pour décrire un monde du futur, le langage étant un élément de société qui évolue en permanence et à une rapidité remarquable. Mais encore une fois, je ne ressens pas le besoin d’aller aussi loin dans l’imaginaire. Je suis avant tout un sociologue. J’étudie la société, l’éthique humaine, l’Histoire des mouvances et des passions. D’ailleurs, au fil de mes écrits, je me rapproche de plus en plus de la réalité. Il n’est pas impossible qu’un jour je quitte le fantastique pour une littérature plus proche du « témoignage ». Ceci dit, je reviendrai toujours ponctuellement au fantastique pour un aspect que je ne trouverai pas forcément ailleurs : le divertissement, la magie, la fascination. J’écris pour ça aussi. Pour ressentir et faire ressentir des choses qui me permettent de m’éloigner quelque peu de la réalité terre-à-terre.

Franck Boulègue : Vous disiez il y a un instant qu’un auteur bruxellois est un mélange de beaucoup de cultures… Quelles sont les cultures qui vous ont influencé ?

Daph Nobody : Je pense avoir quatre influences majeures. Je suis très influencé par le côté baroque et coloré du cinéma fantastique italien, notamment par les films de Dario Argento, dont j’aime les couleurs vives, rouge vif, bleu vif… d’une œuvre comme Suspiria. Dans mes romans, je travaille beaucoup les couleurs, du ciel, des décors… De la France, je conserve l’aspect poétique d’un Jean Cocteau ; les images des Enfants Terribles m’avaient fait rêver quand j’étais adolescent. J’essaye de retrouver cette poésie dans le langage et dans le façonnement de mes personnages… Des États-Unis, je suis influencé par le caractère sombre, violent – d’une violence esthétisée et métaphorique – d’un David Lynch. J’aime beaucoup aussi le silence chez David Lynch. Je me rends compte que plus j’avance dans l’écriture, moins il y a de dialogues dans mes romans. Le silence, c’est la psychologie humaine qui parle. J’aime chez Lynch, et chez d’autres cinéastes, ces moments où les personnages ne parlent plus, sont confrontés à leurs propres démons dans un silence pesant, dans une oppression psychologique paroxystique ; je pense, par exemple, à la scène d’ouverture de Lost Highway, où Bill Pullman fume une cigarette : sans qu’un seul mot soit prononcé, on sent un réel malaise, quelque chose ne tourne pas rond, alors qu’au premier degré il ne se passe rien… Enfin, du cinéma asiatique, j’ai conservé le côté contemplatif. Dans mes histoires, par moments, j’aime que tout s’arrête, et que le lecteur ou les personnages s’attardent sur la beauté d’un paysage, sur un coucher de soleil, sur la magie de la nature. Dans Blood Bar, la scène sur le bateau avec Sono Bargain et Kude Crawling est directement inspirée de films comme Be with me de Eric Khoo ou encore L’ile Nue de Kaneto Shindõ.

Franck Boulègue : Pourquoi avoir choisi les États-Unis comme décor pour vos romans ?

Daph Nobody : Parce qu’à mes yeux c’est le pays des extrêmes. Les États-Unis d’Amérique, ce sont les déserts, les gratte-ciel, les tornades, Las Vegas, Sun City, les hommes-taupes de New-York… Chaque fois qu’il se passe quelque chose là-bas, ça prend une ampleur planétaire. Tout y semble plus grand, plus fou. On y cherche à dépasser toutes les limites, jusqu’aux plus inhumaines. On exploite tout jusqu’à épuisement. Et en même temps, les films et spectacles qui viennent de là-bas sont les plus phénoménaux. C’est l’extrême dans le pire comme dans le meilleur. J’ai besoin de ce côté extrême quand j’écris du fantastique. Je me vois mal situer une histoire en Belgique, qui est un pays, somme toute, assez calme, assez posé, qui ne cherche pas le sensationnel, qui se contente de son petit confort bourgeois. Mes sujets de romans étant extrêmes, ces histoires ne pouvaient se situer qu’aux USA. Mais aujourd’hui, il y a d’autres lieux extrêmes sur terre. Un jour peut-être écrirai-je des romans qui se passent au Japon ou à Dubaï…

(…) En outre, pour moi écrire reste avant tout une évasion. Je ne me verrais pas décrire ce que je vois en ouvrant ma fenêtre. Je ne veux pas m’enliser dans des récits à la première personne, ou dans des œuvres tristes et grises. En Belgique, le ciel est gris et bas, la géographie est plate. Ça ne s’accorde pas avec mes besoins : j’aime le soleil, les montagnes et les canyons.

Franck Boulègue : Ne pensez-vous pas que vous avez une vision quelque peu mythique des États-Unis ?

Daph Nobody : Vous avez sûrement raison, et ce du simple fait que je n’ai jamais mis les pieds sur le sol américain. Mais depuis très longtemps je m’intéresse énormément à cette culture, à cette société. Je regarde beaucoup de documentaires, lis beaucoup de témoignages, consulte des ouvrages historiques chaque fois que je développe un roman, pour ne pas raconter d’absurdités. Je consulte aussi Google Earth, ça me permet de mieux géographiser les lieux. Mais au-delà de toutes ces recherches, ma vision des USA doit malgré tout avoir un aspect fictif, car je n’y ai jamais vécu, donc toute ma connaissance de ce pays ne me vient que de ce qui m’a été rapporté, directement ou indirectement. C’est peut-être ça l’intérêt de la chose, finalement, à savoir : comment un Européen qui n’a jamais mis les pieds aux USA voit dans son imaginaire cette nation. Peut-être que le jour où j’y mettrai les pieds, toute ma vision s’effondrera, peut-être mes attentes seront-elles déçues, et peut-être me mettrai-je à écrire des histoires qui se passent ailleurs… Ou pas. Peut-être aurai-je confirmation de tout ce que je pensais.

Mohamed Larbi Haouat (représentant d’ONG à l’Unesco) : Mais quelle est la place de la francophonie dans tout ça ?

Daph Nobody : C’est très simple. J’écris principalement en français. Je me revendique comme un auteur de langue française. C’est en ça que se situe la francophonie dans mon travail. Je travaille la langue française, je pense en langue française, je mets à l’honneur la langue française, et donc, même si c’est au travers de récits implantés aux États-Unis ou sur la planète Mars, ça reste de la langue française. Je suis très fier d’œuvrer en français, c’est une belle langue, pleine de possibilités, de nuances, d’Histoire et d’avenir. J’écris aussi en anglais, mais la langue française fera toujours partie de ma vie, même si un jour, pour une raison que j’ignore, je décidais de m’exiler…

Franck Boulègue : Vous travaillez sur un roman en ce moment ?

Daph Nobody : Oui, c’est un roman plus léger que les deux précédents. J’avais envie de changer un peu. Il s’agit d’un polar qui s’entrelace avec une histoire de fantômes. C’est un roman que j’ai écrit en 1998, mais que j’avais laissé dans un tiroir. Il était très long, faisait 1500 pages. Là, en le relisant avec le recul, j’y coupe de nombreux passages. Il fera sans doute au final un tiers de son volume initial. Je l’ai écrit à une époque où j’avais vu Twin Peaks et j’avais envie d’écrire mon Twin Peaks à moi. Une histoire avec de nombreux personnages. Tous les habitants d’une petite ville à l’américaine sont impliqués dans l’intrigue. Un tueur en série s’installe parmi eux, et au fil des semaines la paranoïa s’instille parmi les habitants, du coup les rapports entre les gens changent, et l’étau se resserre de plus en plus, jusqu’à l’issue fatale. C’est un roman très amusant à écrire, plein de rebondissements. Et très humain. Beaucoup moins trash que les précédents, plus divertissant et plus dans l’émotion, la compassion, l’affection. Je mène la vie dure à mes personnages, mais dans la mesure du possible je leur rends justice et je leur sauve la vie. J’en ai encore pour quelques mois de travail. Il devrait paraître fin 2013 ou en 2014.

Le Breuil, 14 octobre 2012

Merci à Claude Thomas pour l’accueil enthousiaste, au personnel chaleureux de l’hôtel du Moulin Rouge, à toutes les accompagnatrices, aux enseignantes du Lycée Léon Blum (Mme Merlin, Florence Perceval et Catherine Bollery) pour leur accueil chaleureux, à Marc Bailly pour avoir proposé cette 13ème foire du Livre. N’hésitez pas à aller visiter Le Creusot et Le Breuil en Bourgogne, des endroits où vous vous sentirez très vite en famille. RENDEZ-VOUS DANS DEUX ANS POUR LA 14ème FOIRE DU LIVRE du BREUIL !!!

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DAPH NOBODY à la 13ème Foire du Livre du Breuil – 13 octobre 2012 – soirée culturelle

•October 20, 2012 • Leave a Comment

Journée de dédicaces, qui s’est clôturée par une soirée culturelle dîner-lecture-spectacle, avec la lecture de deux magnifiques textes du très grand poète tunisien Tahar Bekri (issus pour l’un d’un de ses recueils déjà publiés, pour l’autre d’un recueil sur le point de paraître), ainsi que l’interprétation de chansons de Georges Brassens par Le barde Jérôme, et d’autres chansons (Serge Gainsbourg, Pierre Perret Mon p’tit Louuuuuuuuuuup…) par Les Aboyeurs du Mesvrin.

Une fantastique soirée, passée en compagnie de Tahar Bekri (auteur), Georges Morin (auteur), Auriane Kida (auteur-illustratrice), Marie Wabbes (auteur-illustratrice), Patrizzio Avella (auteur-illustrateur), Khaled Osman (auteur-traducteur) et son épouse, Claude Thomas (maire adjoint à la culture), Renée Gauthier (présidente de l’office municipale de la culture), et tant d’autres personnes fantastiques.

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DAPH NOBODY à la 13ème Foire du Livre du Breuil – 12 octobre 2012 – soirée JEAN FERRAT

•October 20, 2012 • Leave a Comment

Rencontre avec le biographe JeanDominiqueBrierre, interviewé par Claude Thomas, maire adjoint à la culture. La rencontre était ponctuée de chansons de Jean Ferrat, interprétées par Josette Jagot, accompagnée par le pianiste Robert Verguet.

 

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DAPH NOBODY à la 13ème Foire du Livre du Breuil – 12 octobre 2012 – soirée JEAN FERRAT

•October 20, 2012 • Leave a Comment

DAPH NOBODY à la 13ème Foire du Livre du Breuil – 12 octobre 2012 – rencontre avec lycéens (APRÈS-MIDI)

•October 20, 2012 • 1 Comment

http://www.creusot-infos.com/article.php?sid=41856

LYCEE LEON BLUM : Deux classes du lycée Léon Blum à la rencontre de Daph Nobody
Le Mardi 16 octobre 2012 @ 02:58:42 Partager
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Dans le cadre de la foire du livre qui s’est tenue ce week-end au Breuil, les élèves des classes de Florence Perceval et Catherine Bollery, au lycée Léon Blum, ont rencontré Daph Nobody, écrivain belge pour un échange autour du roman fantastique.
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Les lycéens avaient en amont préparé des questions à l’auteur et c’est avec clarté et disponibilité que Daph leur a répondu, en allant réellement à  leur rencontre. Les jeunes ont découvert un auteur dont l’enfance, dans un foyer pauvre, a été bercée par les livres achetés pour presque rien chez les bouquinistes, et qui a commencé à écrire à 7 ans. Un écrivain plutôt pessimiste ayant une propension naturelle à se tourner vers ce qui ne va pas pour trouver des solutions et tenter de changer les choses .
Daph Nobody écrit des récits fictifs, dans un style qui dérange, un style dur, parfois glauque. Des histoires imaginaires pourtant inspirées de faits réels, souvent puisés dans une société  qu’il juge dure et sans pitié « On donne trop de pouvoir aux banques, les industriels dictent leur loi parce qu’ils payent… »
Discrimination, différence, autant de sujets qui ont interrogé les élèves. « On a peur de la différence parce que l’on a peur de devenir soit même différent et d’être regardé comme quelqu’un de bizarre » estime Daph Nobody
Autre sujet d’interrogation, le pseudo employé par l’écrivain « j’ai changé plusieurs fois de pseudonyme, une façon d’écrire autrement et de voir les choses sous un angle différent »
Daph Nobody a également souligné son intérêt pour les salons du livre indispensables pour évoluer, « sans public, un auteur n’est rien » et son attachement à ceux qui sont mis à l’écart  « ce sont souvent des êtres qui ont subi une brisure et c’est une grande richesse… »
A noter que vendredi, Marie Wabbes et Auriane Kidda sont intervenues auprès des élèves de l’école maternelle et de l’école élémentaire du Breuil.
MHM

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http://lepetitblumdelalitterature.wordpress.com/tag/daph-nobody/

Archive pour Daph Nobody

Rencontre avec Daph Nobody

Posté dans Actualités avec des tags le octobre 13, 2012 par lepetitblumdelalitterature

Les classes de  1 CAP coiffure et Terminale  Bac Pro Esthétique ont rencontré l’écrivain belge  Daph Nobody, auteur de Blood Bar et L’enfant nucléaire au lycée Léon Blum le vendredi 12 octobre 2012.

DAPH NOBODY à la 13ème Foire du Livre du Breuil – 12 octobre 2012 – rencontre avec lycéens (MATIN)

•October 20, 2012 • Leave a Comment

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Rencontre littéraire :

Daph Nobody au lycée Léon-Blum

le 13/10/2012 à 05:00 par jean-baptiste Méline Vu 54 fois
Daph Nobody a rencontré une classe de seconde du lycée Léon-Blum, vendredi matin. Photo J. -B. M.

L’auteur belge, Daph Nobody, a rencontré, vendredi matin, des élèves de seconde du lycée Léon-Blum pour échanger autour du roman fantastique. Rappelons que le romancier est présent au 13 esalon du Livre du Breuil, qui se tient durant tout le week-end, salle Jean-Baptiste-Dumay.

Daph Nobody a commencé à écrire dès l’âge de 7 ans. Très vite attiré par les foyers de violence et de conflits engendrés par la société, l’auteur de L’enfant nucléaire et de Blood Bar raconte des histoires fictives, « inspirées de faits que j’ai vécus », précise-t-il.

Une écriture qui surprend

Parfois qualifiés de glauques et de morbides, ses récits font figure de « tableau » de la société d’aujourd’hui. « Ce que j’écris est très dur, mais la société est dure », explique l’auteur. « J’essaye de comprendre pourquoi le monde se clive en clans. Aujourd’hui, l’argent et le pouvoir ont supplanté les relations humaines. Cette vision négative de la société constitue l’essence même de mes romans. » Un regard particulier qui aura confronté l’auteur belge à la censure. « Mes livres ne vont pourtant pas contre la morale. »

Pendant près d’une heure, les 28 élèves de la professeur de français, Mme Merlin, ont pu échanger avec Daph Nobody. L’utilisation du pseudonyme chez l’écrivain a suscité de nombreuses interrogations. « Au cours de ma carrière, explique l’auteur, j’ai changé de nom plusieurs fois ; c’est une façon de modifier sa perception des choses. »

Les élèves ont également appris que Daph Nobody a réalisé un court-métrage en 2000 et qu’il travaille actuellement sur une adaptation de l’un de ses romans en bande dessinée.

Blog :http://daphnobody.centerblog.net

Retrouver Daph Nobody au Salon du Livre du Breuil aujourd’hui et demain, salle Jean-Baptiste Dumay. Entrée libre.

INTERVIEW-CHOC de Daph Nobody autour de L’ENFANT NUCLEAIRE (PICA MORFAL BOY), paru le 7 mars 2012 chez Sarbacane / Flammarion.

•September 8, 2012 • 2 Comments

ImageI : Daph nobody, bonjour.

 

Daph Nobody. : Bonjour.

 

I : On peut dire que sous vos airs gentillets, vous êtes un sacré provocateur. Vous êtes même un des auteurs les plus provocants de toute la littérature française aujourd’hui.

 

D.N. : Provocateur ou provocant ?

 

I : Ce n’est pas un peu la même chose ?

 

D.N. : Absolument pas. La différence, c’est que je ne cherche pas à choquer l’opinion publique, ce qui serait provocant, mais à provoquer des réactions auprès des lecteurs, ce qui est provoquer, donc. Je n’ai jamais été fana de l’idée de choquer pour choquer, pour faire sensation. Je n’en vois pas l’intérêt ni l’utilité. Bien sûr, très souvent par ce biais on fait beaucoup de bruit autour de soi, et c’est même parfois de cette manière qu’une carrière démarre sur les chapeaux de roue. Mais choquer c’est jouer un jeu, penser une stratégie, élaborer une idéologie propre à mettre tout le monde dans l’embarras, et donc construire quelque chose de faux, quelque chose que l’on n’est pas authentiquement. Dans mon cas, ce n’est pas ça. Je raconte une histoire qui, par certains aspects, très humains pourtant, peut ébranler le conformisme et déranger les gens qui ne regardent que ce qui ne risque pas de les remettre en question par rapport à leur bien-être et leur petit confort bourgeois.

 

I : Vous parlez tout de même de cannibalisme, de nécrophagie, de nécrophilie… Avouez que vous allez loin !

 

D.N. : Bien sûr, dit comme ça, ça donne l’impression que ce roman est immonde. Après tout, vous faites là allusion à une scène qui ne couvre que 2 pages sur près de 500. Pour commencer, je vais faire une petite parenthèse pour vous lire une citation d’Oscar Wilde que je reprends expressément en exergue au tout début du roman : Les livres que le monde appelle immoraux sont ceux qui lui montrent sa propre ignominie. Cela, je crois, se passe d’explications. Ensuite, je dirais ceci. Mon roman parle de la différence, et de l’impossibilité d’accéder à une existence normale, juste et équitable, dès lors que l’on souffre d’une anormalité. Ici, le protagoniste est en proie à un don. Je dis bien « est en proie à », car si au départ on pourrait se dire que par ce don il est supérieur à la race humaine, du simple fait qu’il fonctionne différemment qu’elle il est automatiquement rétrogradé au rang de phénomène de cirque. Dès lors, il est stigmatisé par la logique humaine et réduit à l’impuissance. Son existence en sera affectée sur tous les plans… Vous savez, j’ai beaucoup réfléchi à la manière dont j’allais défendre ce livre sous ses allures de roman trash. Prenez TITANIC de James Cameron, que tout le monde a vu, sauf moi. Pourquoi James Cameron n’a-t-il pas relaté une histoire d’amour sur le Titanic entre un trisomique et une tétraplégique ? Ce sont des êtres humains comme les autres, qui ont aussi des sentiments, qui sont tout à fait normaux de ce point de vue-là. Alors quoi, n’ont-ils pas droit à leur Titanic, eux ? Au nom de quelle sacro-sainte loi sont-ils contraints de s’identifier à des icônes au physique qui fait rêver tout le monde, et qui ne fait que les frustrer et les pousser à sentir encore davantage le poids de leur handicap, finalement ? Certaines personnes diront « c’est glauque de regarder s’embrasser deux handicapés ». Mais qu’est-ce qu’on regarde, dans ce cas ? Deux handicapés, ou deux personnes qui s’aiment ? C’est de ça dont parle mon roman. Nous sommes en présence d’un personnage qui, de par son don, est dans l’incapacité de faire l’amour. Une vie entière sans pouvoir jamais faire l’amour, c’est un très grand drame, peut-être un des plus grands drames qui soient. Alors, voilà que finit par lui traverser l’esprit l’idée de faire l’amour à une morte… Regardez un coucher de soleil. Ce n’est pas beau à voir, un coucher de soleil, alors qu’on est assis sur la plage ? Vu sous cet angle, c’est merveilleux, personne ne le contestera. En revanche, si vous vous décidez à aller regarder le soleil de plus près, ce n’est qu’une gigantesque boule de feu, ratissée de volcans et de tempêtes de feu, larguant dans l’espace, en direction de la Terre notamment, des nuages de radiations mortels à souhait qui provoqueront de plus en plus de cancers tandis que la couche d’ozone s’amenuisera et que l’écran magnétique protecteur enveloppant la Terre subira le changement de polarité annoncé depuis quelques années déjà ! Vu comme ça, c’est déjà beaucoup moins beau, et pourtant, on regarde toujours la même chose. Il y a le premier degré, et puis le sous-texte. Ici, le sous-texte, ce n’est pas la nécrophilie, mais un acte d’amour désespéré. S’il n’y a nécessairement qu’une seule vérité, on peut en revanche porter de multiples regards sur une même vérité.

 

I : Effectivement, ce personnage est très particulier. On s’identifie à lui, parce qu’il sonne très juste, parce qu’il tient des discours sensés, posés, très matures, même quand il n’est encore qu’un enfant. D’où vous est venu ce personnage, comment l’avez-vous élaboré ? Quel a été le point de départ du roman ?

 

D.N. : C’est un roman que j’avais débuté en 1997. Au départ, c’était une success story assez banale. Grâce à son don, Jiminy arrivait à Los Angeles et y devenait une star. Mais rien n’est plus ennuyeux à lire que le récit de quelqu’un qui réussit sur toute la ligne. Je ne savais pas du tout ce que j’allais faire pour résoudre ça, et j’ai abandonné le roman pendant 13 ans dans un tiroir. Et puis, depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, je me suis fait agresser plusieurs fois par des policiers très fashos à la Gare du Nord à Paris. Le personnage de Hendrick-le-sale-flic est né, et a ressuscité le roman… Tout ce que j’ai écrit depuis le début raconte l’histoire de personnages qui se démarquent de la masse, en bien ou en mal, par un trait distinctif qu’on leur a imposé – ce n’est pas quelque chose qui vient d’eux, une décision ou un choix personnels –, et dont toute l’existence sera marquée par une quête d’adaptation impossible au milieu dans lequel ils se voient évoluer. Dans Blood Bar, mon précédent roman, on avait cette enfant que le gouvernement avait conçue pour ne pouvoir se nourrir que de sang. Dans un premier temps elle est inconsciente de sa nature, et donc ne contrôle pas ses pulsions nourricières. Dans un deuxième temps, on sent qu’elle commence à réaliser ce qu’elle est. Mais dans les deux cas, elle doit tout le temps s’adapter au monde qui l’entoure. Il n’est pas de monde conçu spécifiquement pour répondre à ses besoins. Elle se retrouve donc au sein d’une jungle humaine où elle doit survivre comme un animal dans la brousse. Ici, c’est un peu pareil. Jiminy est incapable de mener une vie normale, en raison de ce don qui lui est tombé dessus à la naissance, et qu’il n’a certainement pas demandé. Il cherche dès lors sa place au sein de l’humanité, parce qu’il n’y en a aucune qui était prévue pour une créature comme lui. Son meilleur ami, et son seul ami d’ailleurs, lui propose de le transformer en superstar… la seule façon qu’on a trouvée aujourd’hui pour célébrer la différence, pour autant que ce soit rentable. À partir de ce moment-là, il trouve effectivement une place dans la société. Il est adulé, payé, regardé avec fascination et non plus avec dénigrement. Mais est-ce que cette place de star correspondait à ce qu’il désirait vraiment de la vie ? Est-ce qu’il n’aurait pas préféré une vie plus ordinaire, en définitive ? Il le dit lui-même d’ailleurs, à un moment donné dans le roman : est-ce que quelqu’un s’est jamais préoccupé de savoir ce que je désirais vraiment ? Tout le monde cherche à tirer profit de lui, à l’utiliser, à l’exploiter, et finalement à le corrompre en le poussant à commettre des actes atroces. Je dirais presque qu’il était condamné d’avance à devoir commettre de tels actes. C’est un peu comme si Superman tombait aux mains de terroristes qui l’obligeaient à se faire exploser au milieu d’un marché, en prenant en otage pour le persuader de le faire… que sais-je, ses parents, et que personne ne réussit à venir à son secours à temps, et qu’il se fait donc sauter en causant la mort de nombreuses personnes. Jiminy est un héros anti-héros. Pas seulement un anti-héros, mais aussi un héros. Quelqu’un qui, comme on le voit à la fin du roman, a la capacité de sauver le monde (dans une certaine mesure), mais qu’on va conduire à commettre des actes irréversibles et innommables.

 

I : Au fond, en plus violent, c’est un peu Grégoire Samsa, dans La Métamorphose de Kafka, auquel vous faites d’ailleurs explicitement allusion.

 

D.N. : Certainement, oui. Je me suis d’ailleurs permis de reprendre le premier paragraphe de La Métamorphose. Je dirais même – et c’était d’ailleurs le premier sous-titre du roman –, que L’enfant Nucléaire/Pica Morfal Boy, c’est le procès de la métamorphose. On assiste à l’existence d’un être résolument différent par une caractéristique physique qui d’une part le hisse au-dessus des autres mais d’autre part le place en infériorité parce qu’en société c’est la norme qui prévaut, au mépris de toute une catégorie de personnes qui ne se retrouvent pas dans le Système. Ça va des artistes aux handicapés, en passant par les émigrés et les vagabonds. On a imposé au monde des normes de bienséance : ça c’est beau, et ça c’est laid, ça c’est bien, et ça c’est mal, ça c’est vrai, et ça c’est faux, ça c’est acceptable et ça ça ne l’est pas. Dès lors que vous ne correspondez pas à ces normes, vous êtes mis au ban de la société. Une fois écarté, soit vous devenez un marginal opportuniste, comme ces stars qui semblent vivre dans un autre monde, soit vous devenez un marginal abîmé et inadapté, et vous vous mettez alors à boire, à vous droguer, à tuer même. Ce livre, c’est la célébration de l’altérité, et la stigmatisation de ces procès que l’on fait constamment, encore aujourd’hui, malgré des siècles de civilisation, à la différence. Mon personnage peu à peu se métamorphose. Plus il change physiquement, plus son corps s’adapte à lui-même, finalement, mais moins lui-même peut s’adapter à la société dans laquelle il vit. En gros, s’il veut la paix, il ne lui reste qu’à émigrer sur Mars.

 

I : Le mot de la fin ?

 

D.N. : Déjà ? Je pourrais parler de ce livre pendant des heures. (rires) Eh bien, je dirais qu’à cette époque de conspirations politiques qui nous narguent et nous dupent (avec le 11 septembre 2001, par exemple, et tout ce qu’on nous cache de ses coulisses), de la montée de l’extrême droite (avec l’affaire Anders Behring Breivik en Norvège, et l’affaire Deryl Dedmon aux États-Unis, pour ne citer que ces deux histoires qui furent plus médiatisées que des dizaines d’autres du même acabit), et du problème du nucléaire qui se pose de plus en plus (Fukushima n’en est que la partie émergée de l’iceberg), je pense que ce roman-débat arrive à point nommé. Si un roman ou un auteur ne changeront jamais le monde, cela ne les empêchera jamais pour autant de le décrire.

 

I : Des projets littéraires pour 2013 ?

 

D.N. : Bien sûr. J’ai repris un roman que j’ai écrit il y a 14 ans et qui fait environ 1600 pages, que je vais réduire à 500-600 pages, et qui relate l’histoire d’un tueur en série dans une petite ville américaine, prétexte pour relater toute l’histoire de cette petite ville. Le roman suit de nombreux personnages qui s’entrecroisent au fil de l’intrigue. Ce sera un peu mon Twin Peaks à moi, si j’ose dire…

 

I : Merci, Daph Nobody.

 

D.N. : Merci à vous, ce fut un plaisir.

 

Propos recueillis le 2 mars 2012 à Bruxelles